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Premier trail des balcons d'azur

21 avril 2007

Mon premier trail sur 30 km et +1240m

La course à pied est très complémentaire au vélo. Et sur terrain accidenté, c'est l'esprit du VTT, c'est le « trail ».

Après avoir testé une course sur route (« Courir pour une Fleur » à Antibes) il y a quelques années, le cross d'Amnesty à Valbonne, celui de 7 km aux Jeux de Sophia, et quelques petits BRALP (brevet de randonneur Alpin du CAF Nice), je voulais fêter le passage du demi-siècle avec un challenge plus engagé et plus exigeant.

TBALes trails, les raids et autres courses d'endurance rencontrent chaque année un succès grandissant, à tel point que de nouvelles épreuves apparaissent tous les ans. Et lorsqu'à été annoncé sur le forum VTT de 1001sentiers la naissance du Trail des Balcons d'Azur, mon choix était vite fait. Le lieu est exceptionnel, en grande partie connu et parcouru en rando ou en course sur le VTT, et il reste trois mois pour s'y préparer.

Quelques visites et échanges sur les forums de passionnés permettent de comprendre les clés de ce type d'épreuve. Bien qu'éloigné des « ultras » qui proposent des distances et des dénivelées d'un autre monde, le parcours de 30 km pour 1240m positifs n'en est pas moins exigeant, surtout avec une pratique de la course à pied qui se résume à une sortie hebdomadaire de 10 km pour l'entretien ! Trois éléments s'additionnent donc pour faire de cette course un challenge : la distance respectable, la dénivelée généreuse et le terrain de l'Estérel très accidenté avec ses pierriers instables, ses sentiers ravinés, ses passages cassants parfois glissants, sa végétation assez basse et rugueuse. Un quatrième élément est ici plutôt un atout : une météo pré-estivale très agréable et à peine trop chaude.

Mais comment faut-il s'entraîner, s'équiper, s'alimenter, gérer la distance, le terrain, les autres coureurs ? Les réponses sont rapidement trouvées au gré des échanges sur le net. Je commence par augmenter la durée de mes sorties en endurance dans la Valmasque ou la Brague que je passe à 1h15 puis 1h30 et enfin 1h45 maximum, et je garde une sortie hebdomadaire plus courte en fractionné. Tenir dans la durée exige de baisser le rythme, mais les jambes tiraillent quand même au-delà de 1h30 ! De bonnes chaussures de trail, utilisées bien avant la course permettent d'éviter les problèmes de pieds, et un petit sac à eau de type Camelbak porté systématiquement permet de s'habituer à cet accessoire obligatoire. Enfin une dernière sortie de deux heures une semaine avant l'épreuve sur la boucle principale du parcours permet de mesurer un peu mieux le type de terrain et d'effort.

Malgré un enjeu qui se résume à « terminer sur ses jambes », le stress monte quand même la veille de la course : « Qu'est-ce que je prend à manger ? Casquette ou pas ? Surtout ne pas partir vite, gérer et encore gérer. Rester hyper concentré dans les descentes casse-chevilles. Boire, boire, et encore boire... ». Mais quelle idée j'ai eu là ?

Le samedi au petit matin, Braguornot, pote de forum me co-voiture. En vieux routard des trails et autres courses d'endurance, il me prodigue quelques conseils et me rassure sur mes inquiétudes latentes. 250 coureuses et coureurs ont choisi le 30 km (moitié moins pour le 50 km), un succès indéniable pour la première édition. Parmi eux on retrouve Redapples, un habitué des premières places, et Easyrider, un autre vététiste de 1001sentiers. Le soleil est déjà bien au-dessus de la plage de Théoule et il fait doux. L'ambiance est très détendue, et la moyenne d'âge plutôt au-dessus de 30. Il y a pas mal de filles aussi.

départC'est parti à 8h15, une heure après le 50 km. On remonte tranquillement la petite route puis le vallon de l'autel en guise de chauffe, le peloton s'étire doucement. A peine arrivés sur la piste, on passe direct sur le sentier d'Ushuaia et son tunnel de mimosas que les vététistes connaissent bien dans le sens de la descente. Petit trot ou marche rapide selon le rythme du groupe, doubler est inutile et consomme surtout trop d'énergie. Par contre il faut rester vigilant sur les passages piégeux et instables parfois masqués par les pas de ceux qui précèdent. La montée continue vers le col de Théoule puis celui du Trayas toujours par les sentiers cassants du rallye VTT. Déjà 250m positifs au compteur et on enchaine la piste des trois Cols jusqu'au col de la Cadière pour prendre la ligne de crêtes jusqu'au col des trois Termes à 303m. 45 minutes de course, jusqu'ici tout va bien.

C'est maintenant la première grande descente par un sentier interdit aux VTT qui plonge direct sur le lac des Ecureuils. Descente technique qui demande une concentration et un pilotage fin pour éviter les accidents de cheville. Au bas du vallon, un premier coureur en a fait les frais et rentre en boitant appuyé à un co-équipier. Mais les hostilités commencent maintenant. Après avoir contourné le lac, dont le niveau est tristement bas, on attaque la remontée du ravin de la dent de l'Ours. Un sentier technique et sauvage que j'ai également pris une fois en descente à vélo. Ici deux techniques possibles : une alternance de trot dans les parties moins raides et marche à pied quand ça cale, ou bien marche régulière rapide tout le long de la montée. Le groupe de sept qui me précède prend la première option, je choisis la seconde. Et c'est l'accordéon tout le long de cette longue montée où il faut parfois se frayer le chemin au milieu des chênes lièges torturés et des buissons piquants. Mais une fois arrivé sur le sentier du tour du pic de l'Ours, nous sommes toujours ensemble et je me sens frais ! On peut enfin courir, presque facilement jusqu'au col des Lentisques et le deuxième ravitaillement liquide. A partir de là c'est vue mer à tous les étages. On emprunte l'épouvantable sentier pierreux qui descend jusqu'à la gare du Trayas mais que l'on quitte au milieu pour remonter par un GR jusqu'au col Notre Dame. Descente de tous les dangers où les différences de vitesse entre concurrents aguerris et confiants et les autres sont énormes. Le GR qui suit est de type roulements à billes : un pas en avant, un quart de pas en arrière ! Ca glisse et il faut soigner ses appuis pour ne pas perdre toute son énergie.

Les grosses GruesAu col Notre Dame, l'organisation nous a réservé un petit extra au programme après avoir constaté que le parcours initial ne faisait pas tout à fait les 30 km annoncés. Nous voilà donc partis sur le sentier du tour du pic de l'Ours, avec les premières crampes qui se manifestent dans les mollets m'obligeant à baisser le rythme. On quitte rapidement le faut-plat pour grimper au sommet du pic et en redescendre aussitôt par une sente de tous les dangers qui cumule tous les pièges possibles : marches hautes, blocs instables, pierriers, dévers, végétation qui bouche la vue, etc. Et retour au col Notre Dame pour attaquer le plat de résistance : les sommets des petites et des grosses Grues.

Ici le pourcentage à la montée comme à la descente est le plus fort. On s'appuie souvent sur les genoux, on pose parfois les mains sur le rocher. Mais on sait que derrière, c'est la délivrance avec une descente ininterrompue jusqu'à la mer. Les jambes font mal, l'acide lactique continue à empoisonner les fibres musculaires, malgré le fait de boire de plus en plus souvent. Mais c'est déjà trop tard. Descente raide, glissante et prudente. Je me retrouve seul jusqu'au dernier ravitaillement ou je tente quelques étirements. Plus que 5 ou 6 kilomètres sur plat et en descente. Essayer de se relâcher et d'oublier la douleur omniprésente. Plusieurs concurrents me rattrapent et me doublent, je suis un peu à l'arrêt.

Photo J.M. AmarurtuDans la dernière descente dite « Grundig », où avait été organisée une descente VTT internationale il y a quelques années, j'espère surtout ne pas avoir une jambe qui se bloque, et qui pourrait me faire trébucher au mauvais endroit. Mais ça semble tenir. Le tunnel, et puis le port. Aille ! Il faut encore courir jusqu'à la plage, et les quelques mètres dans le sable sont un supplice final que les muscles empoisonnés ne supportent pas. Et une fois sur le tapis rouge qui finalise les trente derniers mètres de la course, ça loupe pas : blocage complet de la jambe gauche, impossible de continuer ! Une charmante femme vient à mon secours et me propose alors de m'asseoir pour m'aider à débloquer le bout de bois qui me reste en guise de mollet. La situation est éprouvante, surtout pour l'égo, pendant que des concurrents passent tranquillement la ligne, et que les photographes se régalent ! Allez, c'est bon cette fois, une petite minute au sol et j'ai retrouvé de quoi parcourir la quinzaine de mètres qui me narguaient pour enfin en terminer avec ce trail !

Aucune déception cependant. Cela fait partie de l'apprentissage, et le simple fait d'y être arrivé, dans un temps respectable qui plus est, me ravi ! Concernant les chiffres, je suis donc 76ième au scratch et 7ième Vétéran 2 (en 3h25 à deux minutes du troisième !), avec une moyenne de 8,77 km/h. Pour info, le premier a couru en 2h17 à 13,14 de moyenne.

Ce parcours fait désormais partie des plus beaux trails selon les habitués, et la réussite de cette première édition devrait vite le placer au rang de « classique ». Le plaisir lié à la course et à sa préparation était total. Ce trail risque donc de ne pas être le dernier, mais avec une meilleure préparation et une vraie gestion des crampes cette fois !

. Pierre . alias Bourriquet

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